CRISTOFORO RONCALLI, IL POMARANCIO
1552-1625
Apollon nu assis sur un nuage
Pierre noire, mise au carreau à la pierre noire
33,7 x 24,8 cm.
PROVENANCE:
Hugh N. Squire, Londres.
Avec Alister Mathews, Londres (cat. 1982, no. 57).
Timothy Clifford (sa marque, pas dans Lugt), Édimbourg; Sotheby’s, Londres, 3 juillet 1989, lot 36.
Avec Mia Weiner Old Master Drawings, Norfolk, Connecticut.
Vente anonyme, Sotheby’s, New York, 23 janvier 2001, lot 201.
EXPOSITION:
Kendal, Angleterre, Abbot Hall Art Gallery, 16th and 17th Century Italian Drawings, 1981, no. 56.
Ce dessin très abouti à la pierre noire et mis au carreau est une étude pour une fresque décorant un plafond d’un salon du « piano nobile » du palais alle Quattro Fontane (ou palais Albani-Del Drago du nom de ses propriétaires postérieurs) à Rome. Le palais fut construit entre 1587 et 1590 pour Muzio Mattei (mort en 1596) et abrite aujourd’hui le siège du British Council en Italie. La fresque, aujourd’hui encadrée par une imposante architecture trompe-l’œil du dix-neuvième siècle, représente Apollon – Hélios, vu en raccourci, assis sur un nuage et brandissant une torche allumée, correspond parfaitement à la composition du dessin, à l’exception de l’entrejambe du dieu, soigneusement couvert par un nuage sur la peinture.
La fresque du palais romain a été publiée pour la première fois par Giulia Fusconi, qui l’avait attribuée à l’un des frères Alberti, artistes d’origine florentine qui travaillèrent à plusieurs reprises avec Roncalli à Rome. Elisabetta Giffi l’a ensuite rendu avec raison au Pomarancio.
Il demeure toutefois difficile d’établir avec certitude la date d’exécution de la fresque. Aucun document atteste de l’intervention de Roncalli au palais alle Quattro Fontane. Giffi suggère que ce décor pourrait avoir été réalisé au tournant du dix-septième siècle, peu avant le décor de la chapelle du palais Mattei di Giove (1601), dont le commanditaire, Asdrubale Mattei, était le cousin de Muzio.
Le présent dessin, qui (bien qu’il soit paru dans le catalogue de vente de Christie’s avec une attribution à Cristoforo Roncalli) n’a pour autant jamais été mentionné par la littérature critique concernant le peintre de Pomarance. Le rattachement de la feuille au Cavalier Cristofano, désormais confirmé par le rapport direct avec la fresque du palais, s’avère ainsi très évident sur le plan stylistique. L’attitude de cette figure charnue aux mouvements décomposés, vue di sotto in su, évoque les études d’Anges en gloire réalisées pour le projet de la coupole de la Basilique de la Santa Casa à Lorette. La parenté de style s’avère ainsi très flagrant sur le plan technique : le maniement souple de la pierre, les hachures subtilement dégradées et les contours vaporeux créent, dans l’Apollon comme dans les Anges lauretans, un effet de « dissolvenza luminosa », qui est propre aux œuvres de la maturité de l’artiste toscan.